Passer au contenu

Vivre après le séisme : lorsque le foyer n’existe plus


Vivre après le séisme : Lorsque le foyer n’existe plus

       Suite au séisme qui a ravagé les villages amazighs de la vallée d’Al Haouz le 9 septembre 2023, les conditions de vie en tente sont très précaires. De nombreuses responsabilités pèsent sur les femmes pour assurer un quotidien de fortune. Dans le chaos de la perte humaine et matérielle, ce sont elles qui trouvent les ressources pour que la vie continue.

       Depuis le séisme, les femmes sont les premières à devoir s’emparer de la pénible réalité du quotidien. Dans un espace exigu aux conditions d’hygiène précaires, la préparation des repas, la vaisselle et les lessives sont des activités devenues éprouvantes. En plus de s’occuper des enfants et des personnes âgées, certaines femmes se voient déléguées une double charge de travail pour compenser l’incapacité physique des pères de famille blessés. L’absence de sanitaires et le vis-à-vis entre les tentes rendent toute intimité impossible. Entre l’effondrement de la vie et l’angoisse de nouvelles secousses, nombre d’entre elles appréhendent l’avenir et souffrent de syndromes post-traumatiques. Dans une proximité déconcertante, la vie côtoie la mort. Certaines donnent naissance là où d’autres perdent leurs enfants. Ce sont elles qui s’attèlent à faire en sorte que, malgré des conditions de vie anéanties, tout le monde puisse manger et survivre. Dans le meilleur des cas, elles permettent à certains de travailler et d’étudier. Exposées à une charge mentale intensifiée, les femmes doivent composer avec un futur incertain, en donnant priorité au foyer et à l’unité familiale. L’ensemble des femmes sait que l’avenir sera un défi et que la sororité fera peut-être la différence. 

« Lorsque j’ai rencontré Fatima Ait Ben Hmou et sa fille Soukaina âgée de 11 ans, une évidence s’est imposée. La mère m’est apparue comme la première personne endeuillée qui ose exprimer sa douleur. Elle a perdu ses deux filles Salwa (9 ans) et Laila (3 ans). Le silence du deuil habitait la tente. Il m’était important de le respecter. Soukaina a pris quelques photos. Elle m’a raconté la reprise à l’école. Toutes deux étaient contentes de ma présence. Elles avaient quelque chose à dire. »

Clémence Goubault