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Miroitement des postures

Composée de portraits et d’autoportraits, la série interroge les postures du social et de l’intime par une traversée du miroir. La plupart des photographies ont été réalisées à l’aide d’un petit miroir carré. Délicatement déposé et contribuant à la mise en scène, le miroir est de ce fait enclin à s’incruster au sein de son décor – un geste qui atteste d’images réalisées dans leur genèse. Atteindre le genre par la reconsidération des codes féminins, masculins, artistiques s’avère être l’enjeu soulevé par ma narration visuelle. 

Loin de provoquer le reflet de la réalité pure, le miroir est le médiateur entre les représentations qui s’incarnent et se désincarnent au gré des méandres du regard et de l’impossible reflet. Tant par le déploiement d’une ambivalence entre introspection et rapports de force, il s’agit de tisser la toile des connexions qui voyagent entre l’étranger et le familier, l’ancrage et le rêve, l’art et le commun. 

Enclin à s’aligner au gré de la mouvance intérieure, le vivant invoque un regard où l’intensité l’emporte sur la cohérence visuelle. Au point de contrarier les représentations esthétiques les unes aux autres, c’est par une friction entre réalité et imaginaire que l’objectif enjoint au regard de créer tous les écarts. Or ici même le miroir se réapproprie l’être et se démène avec l’individualité jusqu’à la faire miroiter dans le champ infini des possibles photographiques. C’est ainsi que la danse de la perception se conjugue aux mille reflets, ne serait-ce pour que le regard traverse les apparences, que la vision se libère et que la pensée digresse de plus belle.